c a t a l o g u e	é c o u t e r					i m p r o v i s a t i o n	a r c h i v e s
			« Dans le mythe d’Orphée, comme dans celui des sirènes, la musique incarne la force toute puissante de la séduction. Elle est, au sens strict, la volonté. Cette volonté traverse les frontières de la mort. Elle le fait par mimétisme, en mettant en scène un basculement. Orphée se retourne. Ce n’est pas par faiblesse ou par l’effet d’un doute. C’est parce qu’il est dans la nature de la musique d’opérer ce retournement. Mais il se retourne pour voir. Et c’est cela qui ruine toute l’entreprise magique de la musique. L’image affirme avec force sa permanence, quand la musique ne peut que sombrer dans l’évanescence. Mais le regard qui se pose sur l’image la déflore instantanément. La statue peut bien être de sel : elle perd toute saveur sous l’insistance de la vision. Le son s’évanouit à peine formulé, mais la musique disparue trouve un écho dans notre mémoire et bientôt nous habite. Le mystère qu’elle veut nous révéler est si grand qu’aucune répétition ne parvient plus à nous rassasier. L’image que l’on vient de découvrir a déjà perdu tout le prestige de son apparition. Elle s’est dégradée, irrémédiablement, et l’esprit en veut une nouvelle. La force de la musique est de se recomposer à partir de ses propres décombres. » extrait de Tracées