Jean-Marc Chouvel
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musique pour clavier

CD 2
musique de chambre

CD 3
musique pour ensemble

CD 4
musique vocale

CD 5
musique mixte

CD 6 <
musique électroacoustique

CD 7
installations

CD 8
duos
     
DISQUE 1     DISQUE 2





Dialogue avec l’écho

Bande (Madrid - 1991).

Première pièce électroacoustique de l’auteur, Dialogue avec l’écho a été réalisé au studio du CDMC pendant un séjour d’étude à la Casa de Velázquez. Le matériau de la pièce est essentiellement constitué d’enregistrements vocaux et instrumentaux, même si l’on reconnaît aussi parfois quelques sons concrets. La structure de la pièce reprend celle d’un poème éponyme dont la thématique — le rapport de l’homme à l’insondable de la mort — est extrêmement présente tout au long de la pièce. Une citation du poème lui-même conclue la pièce.




5 sculptures de Laurent Golon

Bande (Paris - 1999).

Des formes presque humaines, avec leurs palpitations, leurs convulsions grotesques, leur place dans l’espace, soumises au cycle de la vie et à la puissance déclinante d’une petite pile électrique. Une inquiétante étrangeté.




Métamorphoses de l'instant

Bande et vidéo (Lyon - 2006)

Une œuvre d’art est toujours le produit de circonstances particulières. C’est vrai autant pour ses conditions matérielles que pour les éléments de réflexion qui ont pu l’accompagner. Les Métamorphoses de l’instant que vous allez voir et entendre sont le quatrième et dernier volet d’un cycle de pièces avec vidéo qui s’intitule Les fenêtres du temps. Le thème de la fenêtre a déjà été développé en musique par le compositeur italien Salvatorre Sciarino. Mais c’est bien plutôt la fréquentation de la peinture qui a rendu pour moi cette thématique déterminante. En particulier une pensée du peintre et architecte autrichien Hundertwasser, disant en substance que l’homme avait trois peaux : sa peau de chair, ses vêtements, et les murs de sa maison. Par « peau », il faut entendre à la fois enveloppe et interface, ce qui contient et ce qui permet l’échange, ce qui sépare l’intérieur et l’extérieur, et ce qui les relie. Cela, c’est précisément le rôle des fenêtres.
Les Métamorphoses de l’instant sont nées au milieu d’un projet plus conventionnel, qui consistait à écrire la musique d’un documentaire de Philippe Chapuis sur l’évolution urbanistique de la ville de Lyon. Ce projet a donné lieu  par ailleur à une exposition aux archives municipales de cette ville. Lyon n’est pas n’importe quelle ville. C’est une ville de confluent, désigné pour l’occupation humaine depuis la plus haute Antiquité. C’est aussi une ville d’industrie. C’est la ville où sont nés les métiers à tisser et où ont été réalisés les premiers films. La bande son s’est saisi des différents espaces urbains, et elle s’est rapproché aussi des derniers métiers encore en activité. Dans ce petit bruit mécanique capté dans des lieux incroyables qui n’ont pas bougé depuis le dix-neuvième siècle, se trouvaient condensés le va-et-vient de la navette sur la trame des métiers qui confectionnent l’image des étoffes, sur le même principe que s’effectue aujourd’hui encore le balayage des images de la vidéo, le défilé de la pellicule dans les premiers projecteurs de cinéma, et le flux incessant des deux fleuves et de l’activité humaine qui s’est développée à leur confluent.
Cette condensation analogique, elle est manifeste sans doute tout au long des Métamorphoses de l’instant, et c’est peut-être l’essence même de la métamorphose que de proposer de telles transmutations à la conscience. Pourtant, la « scène originale » dont les images que vous allez voir se font écho, est un fragment d’une trentaine de secondes, extrait du documentaire, et tourné pendant la démolition d’un hôpital situé au centre même de la ville, un bâtiment qui révélait lui-même plusieurs strates de construction depuis sa fondation religieuse. Comme nous ne voyons pas pousser un arbre, nous ne voyons pas les transformations d’une ville. Pour en prendre conscience, il faut faire appel à notre mémoire, et mettre côte à côte l’état présent et le souvenir. Il y a donc un conflit permanent entre l’inconscience que propose le flux et la prise de conscience que propose la mémoire. C’est évidemment un élément déterminant dans la composition d’une musique, ou de toute œuvre d’art qui travaille avec le temps.
Comment peut-on réaliser un film d’une trentaine de minutes avec un matériau visuel de trente secondes ? Le cas de figure est plus fréquent pour la musique, qui connaît les principes de la variation et du développement, que pour le cinéma, qui préfère la narration et le discours, voire la rhétorique, et qui procède plutôt à l’inverse, en tournant parfois bien plus d’une demi-heure de pellicule pour obtenir une séquence de moins de trente secondes. Que voyons-nous quand nous regardons trente secondes de film ? Ou trente seconde de la réalité ? Qu’est-ce qui est capté ? Comment sont impressionnées les cellules de nos rétines ? Qu’est-ce qui est dit dans ce cadre donné par la caméra, de ce qui est en train de se passer, mais aussi de ce qui s’est passé là dans ce lieu pendant des années, pendant des siècles?… Qu’est ce que nous comprenons de cette scène banale et étrange ? Quelles images ces images réveillent-elles en nous ?
Pendant toute la fin du vingtième siècle, les artistes se sont évertués à mettre en scène des matériaux et des objets qui échappaient à la grande tradition de l’art. Ils ont fait l’hypothèse que changer les matériaux, changer les structures c’était aussi changer l’écoute et le regard. Car ils faisaient l’analyse qu’il était urgent de prendre conscience des métamorphoses du monde, et qu’il fallait, pour cela, changer d’écoute et de manière de voir, changer de disposition mentale. Une œuvre d’art aujourd’hui ne peut plus se contenter d’être un bel objet. Une œuvre d’art, c’est une proposition d’écoute et de regard, c’est une proposition pour saisir ce qu’est l’écoute et ce qu’est le regard, pour comprendre que nous ne sommes pas définitivement figés dans les a priori des cadres intellectuels dans lesquels nous nous laissons enfermer et dans lesquels nous laissons enfermer le monde. Car ce que propose l’art, c’est toujours, en fin de compte, une métamorphose de la conscience.
Si vous me le permettez, et avant que nous ne voyions ces images qui sont au départ celles d’une destruction – une petite Apocalypse – je voudrais citer cette phrase qui venait en exergue d’une de mes premières partitions :
Ce que la larve appelle la fin du monde, le reste du monde l’appelle Papillon.





Drawing the sound

Bande (Paris - 2001)

Littéralement : « En dessinant le son ». Il y a, dans le logiciel ProTools, un petit crayon dans une case qu'on utilise très rarement, en général pour corriger certains défauts du son numérique. Ici, toute la pièce est générée en dessinant le signal à la souris. C'est une forme assez invraissemblable de synthèse, mais la proximité qu'elle exige avec la nature textuelle du son électronique est une expérience fascinante, à la fois pour le dessinateur et pour l'auditeur. Ce qui est certain, c'est l'incroyable énergie contenue dans les cinq secondes du signal initial, énergie qui, à quelques petites séquences près, génère l'intégralité des 9 minutes et quelque du reste de la pièce.